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Affichage des articles du 2018

Vers l'alliance thérapeutique

Ce n'est pas dans les ouvrages de vulgarisation que j'ai découvert cette notion. Elle m'a été présentée pour la première fois en milieu hospitalier par un psychiatre biologiste et comportementaliste. Voici, selon moi, en quoi elle consiste : D'abord, le psychiatre et le patient se placent dans une relation égalitaire. Le psychiatre est un expert qui ne peut exercer sa science qu'avec la collaboration de son patient (on parle de co-construction diagnostique et thérapeutique Patient/Médecin). Le patient décrit ses symptômes de l'intérieur, le plus précisément possible pour permettre d'arriver à des propositions de soin : doser un traitement, introduire une nouvelle molécule, faire un peu de sport ou anticiper le lever matinal par exemple. L'alliance thérapeutique et basée sur la confiance mutuelle : le psychiatre doit faire preuve d'une grande honnêteté, ne pas chercher à imposer les soins. Le patient doit acquérir les notions de psychiatrie

Santé psychique et insertion sociale

     2,7% de la population, soit 1 600 000 personnes, sont suivies régulièrement en santé mentale.     40% d'entre eux disposent d'un emploi (selon la dernière étude parue: DRESS, 2003), pour 64% pour l'ensemble de la population (chiffre INSEE 2010).       La moitié seulement vit en couple alors que 7 Français sur 10 sont dans ce cas.      77% des personnes suivies en psychiatrie ont des contacts fréquents en dehors de leur famille, pour 85% de la population générale.     Ces chiffres mettent en avant la désinsertion sociale des malades psychiques. Non seulement nous souffrons, soit en permanence, soit par périodes, de notre maladie mais en plus, notre vie sociale est difficile, du fait des troubles, des médicaments qui handicapent la sociabilité, ou des préjugés que nous subissons, dans le travail comme dans les loisirs.

Et pourquoi pas "santé psychique" ?

Les sociologues, les rédacteurs de circulaires et de rapports ministériels parlent, eux, de "santé mentale". Les usagers de la "santé mentale" doivent-ils s'en contenter ? Le livre blanc de l'UNAFAM, de la FNAPSY et des Croix-Marines (2001) distinguaient le handicap "psychique", acquis, parfois temporaire, et provoquant l'isolement, du handicap "mental", retard intellectuel survenant à la naissance qui a d'autres conséquences. Mais quand vous devez parler de votre maladie, vous dites quoi ? "J'ai des problèmes de santé mentale" ne sonne pas très bien. Personnellement, je dis plutôt "j'ai des problèmes de santé psychique" : ce terme évoque le stress, la dépression, davantage que le trouble bipolaire dont je souffre. Et ça passe mieux !

Empowerment

L'empowerment correspond au fait de se libérer de la maladie : Tout en conservant, bien sûr, sa propre pathologie, l'individu acquiert une connaissance de sa maladie, une distanciation et devient ou redevient capable de s'investir librement dans son existence. L'OMS (1986) définit la promotion de la santé ainsi : "Permettre à l'individu d'exercer un meilleur contrôle sur les facteurs déterminants de sa santé". La thèse d'Isabelle Aujoulat (Louvain, 2007) met des mots sur l'empowerment (littéralement donner, acquérir du pouvoir) : Il s'agit de renforcer le sentiment de maîtrise du patient par rapport à sa maladie. Le patient peut sortir du sentiment d'impuissance, réagir en contrôlant davantage sa vie. Il peut agir sur son environnement. La compétence personnelle, la motivation au changement s'accompagnent souvent d'une volonté de participation à des actions collectives et publiques; Le Groupe d'Entraide Mutuelle (GEM)

Thérapies... psychanalyse ou thérapie comportementale, soyez maître de votre destin !

Certains usagers de la psychiatrie ont besoin de régler des problèmes qui les gênent dans leur vie quotidienne : phobie sociale, affirmation de soi, difficultés relationnelles. Ces personnes pourront tirer profit de la lecture d'ouvrages ou d'un travail avec des psychologues ou psychiatres comportementalistes. Encore d'autres, souffrant de problèmes plus difficiles à identifier vont avoir besoin, comme cela a été mon cas, d'une thérapie analytique de plusieurs années. Sous la forme d'un dialogue avec le thérapeute, j'ai parlé de la vie, difficile, que je vivais à l'époque, particulièrement sur le plan affectif, de mes parents, de mes souvenirs d'enfance bien sûr. Le résultat ne se mesure pas par des statistiques, peut-être faut-il inventer un thermomètre du bonheur... Contrairement aux idées reçues, une thérapie analytique n'est pas plus coûteuse financièrement qu'une thérapie comportementale et cognitive. Selon moi, tout type de thérapie a

Parler à son psy

    L'alliance thérapeutique consiste en un ensemble de règles fondamentales de communication avec un soignant.     Nous allons aborder maintenant le contenu de la communication, que ce soit dans le cadre d'entretiens à but de prescription ou de psychothérapie.    Il ne s'agit pas d'un dialogue, comme avec un ami ou un collègue. D'abord, le psy parlera rarement de lui. Ensuite, les tracas de la vie quotidienne ne l'intéresseront pas (ex: votre vieux chien est mort, vous avez vu votre tante dimanche...). Ce n'est qu'avec un psychanalyste que vous pourrez faire librement des associations d'idées. Avec les autres soignants, il faut s'efforcer d'être précis, sans quoi le soignant peut imaginer n'importe quoi, être clair dans l'énoncé des problèmes, s'adresser à la bonne personne (un psychiatre n'est pas assistant social). Le psychologue vous aidera à chercher des solutions à vos problèmes en fonction de votre personnalité et d

Souffrance psychique

La souffrance psychique touche environ un Français sur cinq.    Elle peut être seulement temporaire, récurrente, ou se traduire par une inadaptation au moins partielle à la vie sociale. Il peut s'agir de fortes variations d'humeur, d'idées erronées et obsédantes, de difficultés graves à gérer les relations sociales.     La souffrance primaire liée à cette maladie, peut se manifester aussi par des angoisses, des hallucinations, des dépenses frénétiques, que les médicaments ne soignent pas miraculeusement (voir le message au sujet des antipsychotiques). La personne peut être consciente ou non, elle souffre et paie les conséquences de ses actes après ses crises. Elle est parfois conduite au pire : concernant le trouble bipolaire, qui touche 4% de la population, on observe un taux de suicide de 15% à 20 %.    La souffrance des malades psychiques est également liée au regard stigmatisant de leurs interlocuteurs : Les maladies psychiques conduisent "à la raillerie, au

Travail et santé psychique

Au cours de la vie d'un malade psychique, la première crise survenant bien souvent avant l'âge de la retraite, se pose la question de la poursuite ou non d'une activité professionnelle.     En effet, les crises peuvent être des causes de perte d'emploi, l'absentéisme également. Il est parfois difficile de retrouver son niveau de compétence lorsqu'on prend encore de fortes doses de médicaments. On se heurte parfois à l'incompréhension des collègues et du patron, et classé dans la catégorie des employés à problèmes, là où il suffirait au contraire d'un environnement compréhensif et de quelques encouragements pour que la personne malade puisse retravailler à son niveau antérieur.     L'invalidité du régime général, si la personne a travaillé plus de 10 ans, complétée éventuellement par une prévoyance, ou alors par l'Allocation adulte handicapé, lorsque la maladie est survenue plus tôt, sont des solutions lorsque la reprise de contact avec le mon

Plaidoyer pour l'hospitalisation utile

Une hospitalisation en psychiatrie, c'est souvent... l'ennui. On prend ses médicaments à heure fixe, sous le regard vigilant des infirmiers, ses repas, on fume (beaucoup trop), on écoute un peu de musique sur son MP3, on attend le jour suivant. Pourtant, l'hôpital pourrait être le lieu où l'on apprend à connaître sa maladie, à mieux la comprendre, à la gérer. La Haute autorité de santé ( http://www.has-sante.fr ) propose des procédures d'établissement de programmes de psychoéducation dans le champ des maladies chroniques. Pour une définition de l'éducation thérapeutique du patient, vous pouvez voir l'article de Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation_th%C3%A9rapeutique_du_patient On pourrait imaginer que, regroupés en fonction de leur pathologie, les patients apprennent, ou plutôt co-construisent des connaissances, et qu'ainsi ils puissent éviter les ré-hospitalisations, mieux gérer les relations avec leur entourage, prendre en compte l

Tentative de définition de la maladie psychique

A l'attention des néophytes, il me semble important de préciser ce qu'est exactement, selon moi, un "malade psychique", autrefois appelé "fou" ou "insensé". Voir l'étude du CCOMS datant de 2001. De nos jours, les malades psychiques ne se distinguent pas du reste de la population, si ce n'est éventuellement par une certaine lenteur verbale et motrice, ou encore par des tremblements des extrémités, liés au traitement suivi. Leur insertion professionnelle et sociale est pourtant très difficile, du fait de crises qui peuvent rendre difficile le suivi d'un cursus de formation, la conservation d'un emploi, provoquer la stigmatisation et le rejet par les collègues, les amis, voire par la famille.       En effet, certains malades psychiques, en particulier les personnes souffrant de trouble bipolaire ou de schizophrénie, même suivant un traitement médicamenteux, peuvent, selon des fréquences très variables (alla

Pour une hospitalisation plus humaine en psychiatrie

Le plus grave problème de la psychiatrie en 2018 est, à mon avis, le manque de communication. Depuis 1993, les infirmiers sont peu formés à l'écoute active, à la notion d'empathie. La psychothérapie institutionnelle, l'anti-psychiatrie, la psychanalyse ne font pas partie de leur culture, les infirmiers diplômés d'Etat pouvant indifféremment travailler en psychiatrie ou dans d'autres spécialités médicales. Le système punition/récompense conçu par Philippe Pinel au XVIIIe siècle est encore souvent utilisé, la pharmaco-thérapie et la chambre d'isolement les seuls outils des psychiatres, pas toujours centrés sur l'écoute. Des infirmiers mal rémunérés, sans perspective d'évolution de carrière, peuvent être aigris et pratiquer des vexations. Or, tout patient est accessible au dialogue. Avec plus de vingt patients à gérer pour parfois seulement deux soignants présents, le temps nécessaire à une simple discussion, formelle ou informelle, sur un ton déte

La violence des malades mentaux : un mythe

Les faits divers se suivent, et se ressemblent, malheureusement: les médias montent en épingle chaque agression commise par un malade mental, fustigeant l'inaction de la justice et de l'administration . Le risque de violence lié à la maladie psychique existe, essentiellement lorsque l'état de santé est aggravé par l'abus de substances toxiques. La violence s'acquiert davantage par l'histoire familiale et personnelle qu'elle n'est liée à une pathologie. Il ne faut pas confondre crime et maladie mentale, les malades psychiques étant plus souvent victime que coupable : " la violence dont ils sont eux-mêmes l’objet est méconnue. En effet, elles sont 7 à 17 fois plus souvent victimes de violence (verbale et/ou physique) que les personnes sans trouble mental. La maladie mentale ne concernant que m oins de 1 homicide sur 20 ".(source Haute Autorité de Santé ). Pourtant, les Français restent persuadés à 90% qu'un "fou" est irrémé

Groupes d'Entraide Mutuelle (GEM): une innovation en santé mentale

Les Groupes d'Entraide Mutuelle ont été créés par la loi du 11 février 2005, suite au constat de l'isolement fréquent des personnes souffrant de troubles psychiques. Qu'est-ce qui change vraiment, par rapport aux structures existantes, CATTP, hôpitaux de jour... ? L'encadrement y est assuré le plus souvent par des éducateurs spécialisés ou des psychologues de formation. Les activités organisées sont de l'ordre de l'apprentissage ou du récréatif, sans finalité soignante: il s'agit d'être ensemble, de partager des moments agréables, ce qui permet de recréer une vie sociale souvent détériorée par la maladie psychique. La parole de chacun est prise en compte sans interprétation de symptômes, ni de transferts par rapports aux soignants. Ainsi, les malades psychiques peuvent bénéficier d'un espace sans soin, sans "étiquette". C'est déjà beaucoup. Mais plus encore, le texte de loi prévoit que le GEM, la plupart du temps créé avec le