Travail et santé psychique

Au cours de la vie d'un malade psychique, la première crise survenant bien souvent avant l'âge de la retraite, se pose la question de la poursuite ou non d'une activité professionnelle.

    En effet, les crises peuvent être des causes de perte d'emploi, l'absentéisme également. Il est parfois difficile de retrouver son niveau de compétence lorsqu'on prend encore de fortes doses de médicaments. On se heurte parfois à l'incompréhension des collègues et du patron, et classé dans la catégorie des employés à problèmes, là où il suffirait au contraire d'un environnement compréhensif et de quelques encouragements pour que la personne malade puisse retravailler à son niveau antérieur.

    L'invalidité du régime général, si la personne a travaillé plus de 10 ans, complétée éventuellement par une prévoyance, ou alors par l'Allocation adulte handicapé, lorsque la maladie est survenue plus tôt, sont des solutions lorsque la reprise de contact avec le monde du travail se passe mal, ou que les compétences précédentes ne peuvent plus être mises en avant, par exemple faute d'expérience ou si les crises sont trop fréquentes.

    Cependant, l'activité professionnelle présente bien des avantages.
Le travail permet aux malades psychiques d'avoir une reconnaissance sociale, c'est un marqueur de normalité dans les discussions avec les amis ou la famille. 

    C'est aussi, à mon avis, un espace de développement personnel : un lieu où le malade psychique est considéré comme les autres, où l'on ne met pas en doute sa parole et où il peut accomplir des réalisations dont il pourra être fier.

    Schématiquement, le Groupe d'entraide mutuelle peut être vu comme le premier stade de l'empowerment (re-développement et prise en charge de sa propre maladie) du malade psychique : avec d'autres, il prend des responsabilités dans ce cadre, s'accomplit dans le développement de la structure, ses pairs ne le jugent pas. Au-delà, lorsqu'il a repris confiance en lui, l'accès à un emploi salarié peut lui permettre d'acquérir l'égalité avec des personnes non-malades dans le développement de quelque chose de plus structuré, même si le sens de l'action peut être moins tangible.

    Il ne s'agit pas d'un chemin tout tracé, chacun ayant le sien pour bien vivre avec sa maladie. En aucun cas les GEM ne sont des structures de réinsertion professionnelle. Mais, autour de l'empowerment, je cherche à mettre à jour une ligne de force permettant au malade psychique de se reconstruire.

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